Description
En 2020 le colloque annuel de l’Institut supérieur d’études œcuméniques [ISÉO] de Paris avait été organisé en commun avec l’Institut supérieur de liturgie pour traiter du thème de la guérison divine. Il y fut donc bien sûr question de pratiques anciennes, telles que l’onction des malades dans l’Église catholique ou dans la tradition liturgique orthodoxe, avec également des interventions à caractère anthropologique et théologique sur la souffrance et la maladie, une réflexion sur les services d’aumônerie en hôpitaux, et sur la place du miracle dans la vie chrétienne. Ainsi rassemblés, ces chapitres rédigés le plus souvent dans une perspective monoconfessionnelle permettent au lecteur de mesurer les écarts théologiques qui demeurent et de percevoir d’intéressants rapprochements.
On signale ici deux présentations plus originales : tout d’abord celle de Thierry Avalle sur les veillées charismatiques de prière pour les malades telles qu’elles se pratiquent à l’église Saint-Nicolas-des-Champs à Paris, et le rôle joué par des « paroles de connaissance ». Quant à Bernard Coyault, il s’intéresse aux prédicateurs néopentecôtistes du réseau Casarhema, à la « vulgate de la guérison » qu’il y discerne, avec une compréhension intramondaine du salut qui n’est pas réservé à une félicité future. Il y relève les « paroles d’autorité » à visée performative, qui ne demandent pas à Dieu la guérison, mais qui la déclarent au nom de Dieu (« Tu es guéri·e ») que l’A. rapproche de théologies sacramentelles (ex opere operato).
Ainsi que le concluait Luc Forestier, alors directeur de l’ISÉO, « l’unité chrétienne ne sera pas la réunion d’Églises en parfaite santé, mais le chemin que prennent des Églises qui ne vont pas très bien séparément, et qui pourraient aller beaucoup mieux en étant ensemble ». Assurément ce genre de colloques interconfessionnels contribue à cette guérison.
Franck P. Lemaître