Comme les éditeurs l’expliquent, cet ouvrage est le fruit de rencontres, à Lampeter (Pays de Galles) en 2006 et Édimbourg (Écosse) en 2007, de spécialistes soucieux de dépasser une lecture téléologique de l’histoire des deux cités pour les considérer ensemble. Les dix-sept contributions sont réparties en six sections qui, après avoir situé les relations de Rome et Constantinople, étudient successivement leur topographie et leur aménagement, leur histoire politique et spécialement leur relation avec l’empereur, leurs représentations littéraires à travers les panégyriques, et finalement leur rôle religieux. C’est sans doute cette partie qui retiendra le plus l’attention des lecteurs d’Istina. Après une étude du récit du Pèlerin de Bordeaux qui met en valeur la place de Constantinople dans son périple (B. Salway), puis une présentation du Cento Vergilianus de Laudibus Christi de Proba comme apologétique chrétienne adressée à l’élite romaine (J. Curran), cette dernière partie s’interroge sur la signification et la réception du canon 3 du concile de Constantinople I, qui parle de cette cité comme de la « Nouvelle Rome » (N. McLynn), et sur les relations des deux sièges à travers la correspondance de la Collectio Avellana, au moment de la réconciliation qui suivit le schisme d’Acace (Ph. Blaudeau). La dernière section est constituée par un stimulant épilogue d’A. Kaldellis qui pose à nouveaux frais la question de la romanité de Byzance, en s’interrogeant sur la singularité de ce que nous appelons « l’Empire byzantin » et en se demandant en quel sens il fut un empire « romain ». Contrairement à un certain consensus universitaire, estime-t-il, ce fut « l’État-nation des Romains », s’identifiant comme tels selon un consensus formé par une langue, une religion, un art, des coutumes sociales communs et par l’exclusivité nationale et l’idéologie romaine de toutes les branches du gouvernement (p. 390). Mais une telle analyse, reconnaît-il finalement, appelle d’autres recherches pour mieux comprendre le rôle symbolique de la capitale dans la constitution de cette identité romaine. Ajoutons aussi celui de la religion, trop rapidement évoquée (p. 395). Complété par une vingtaine de cartes et illustrations dans le texte et une copieuse bibliographie (30 pages !) suivie de deux index (noms et termes ; lieux), cet ouvrage n’offre donc pas seulement une remarquable contribution à la connaissance des deux Cités dans l’Antiquité tardive.

Michel Mallèvre

Lucy Grig & Gavin Kelly (dir.), Two Romes. Rome and Constantinople in Late Antiquity, New York, Oxford University Press USA (coll. « Oxford Studies in Late Antiquity »), 2012 ; 496 p. 76,5 $. ISBN : 978-0-19-973940-0.

Recension publiée dans la revue Istina, 2013/4.