Jalon important dans l’essor du mouvement œcuménique au début du xx^e siècle, les Conversations de Malines (1921-1925) ont retrouvé une certaine actualité avec la publication récente du document Sorores in spe resurrectionis par lequel des théologiens se présentant comme les héritiers de ces conversations invitent l’Église catholique à reconnaître les ministères ordonnés anglicans. Rédigé à l’occasion du centième anniversaire de leur mise en place, ce petit livre de l’ancien archevêque de Cantorbéry entend montrer les enjeux des Conversations.

Après une introduction, qui évoque les questions débattues et les participants à ces Conversations, Rowan Williams se penche sur leur contexte, en particulier le modernisme et le schisme vieux-catholique mais aussi un courant critique et la révision des livres liturgiques côté anglican, puis il analyse les questions débattues, le ministère pétrinien et les limites des affirmations doctrinales. Il offre enfin une conclusion qui dégage l’intérêt permanent de ces Conversations. Dans celle-ci, le lecteur retiendra sans doute la réflexion sur le sens de la doctrine et sur l’importance d’un ministère chargé d’exercer une vigilance et une autorité, plus particulièrement ce que Rowan Williams écrit du ministère d’unité : « la communauté mondiale des évêques a besoin d’un ministère de discernement et d’unification : l’appel pétrinien à se tourner à nouveau vers le Christ, à convertir et à fortifier les frères et les sœurs est en effet donné au ministère apostolique dans son ensemble, mais il est très particulièrement présent dans le Siège historique qui dérive du premier apôtre à avoir reçu la promesse et la vocation. Une Église sans ce ministère est une Église appauvrie et potentiellement frustrée » (p. 58). Mais le catholique devra entendre aussi ce qu’il écrit de l’importance durable des Conversations qui « réside certainement dans cette volonté d’imaginer – certes sur la base d’une reconnaissance complète et sans ambiguïté de la révélation de Dieu dans le Christ et avec un regard critique et aiguisé sur l’histoire et la théologie –, mais néanmoins aussi de penser que l’Église découvre encore par la grâce de l’Esprit comment être ce qu’elle est vraiment. Dans cette découverte, tous les chrétiens doivent apprendre à écouter et à recevoir » (p. 60).

Michel Mallèvre