Les présentations des megachurches européennes sont rares. Ce livre, fruit d’une recherche menée à la demande du British Arts and Humanities Research Council de 2013 à 2016, comble une lacune : il offre la première étude académique des méga-Églises implantées dans la région de Londres en s’interrogeant sur leur contribution à la société. Il est divisé en trois grandes parties : la première précise le cadre de cette étude par rapport aux recherches sur les megachurches dans le monde, sur les relations entre la foi et la politique sociale. La deuxième partie offre une analyse empirique des activités sociales de cinq des dix Églises recensées de ce type (plus de 2000 fidèles chaque semaine). Elle porte d’abord sur deux communautés de l’Église d’Angleterre, la Holy Trinity Church de Brompton, où sont nés les cours Alpha, et la All Souls Church de Langham Place, naguère animée par le leader évangélique John Stott, puis sur trois grandes Églises pentecôtistes de la diaspora africaine : le Kingsway international Christian Center, la Jesus House for All Nations (de la Reedeemed Christian Church of God née au Nigeria) et la New Wine Church. La troisième partie, qui propose une reprise synthétique des descriptions précédentes, traite des motivations théologiques de l’engagement de ces Églises, de l’impact de la mondialisation sur celui-ci et finalement des conséquences pour les rapports de l’Église et de la société. En conclusion, tout en reconnaissant les particularités des communautés choisies et l’influence de leur ethos ecclésial, les auteurs pensent pouvoir apporter une réponse globale aux cinq questions qui ont guidé leur recherche (p. 2 et 348-351) et dégager les grandes lignes de l’ecclésiologie de ces Églises tournées vers l’engagement social : reprenant la définition des communautés pentecôtistes par M. Cartledge (qui articule pneumatologie, caractère relationnel, sacramentalité et mission), ils soulignent comment cet engagement social témoigne d’une influence catholique, se présentant non comme une alternative à la proclamation de l’Évangile mais comme un acte de nature sacramentel apportant des grâces et non pas seulement un bienfait matériel. Ainsi, l’Église apparaîtrait comme « une communauté eschatologique expérimentant l’avènement du règne de Dieu ».
Une bonne bibliographie, dans laquelle on cherche cependant en vain l’étude de J.-P. Willaime et L. Amiotte-Suchet sur la Mission du Plein Évangile de Mulhouse, et un double index font de cette étude précise un bon antidote aux trop nombreux écrits superficiels sur cet aspect incontournable du christianisme contemporain.
Michel Mallèvre
Mark J. Cartledge, Sarah L. B. Dunlop, Heather Buckingham & Sophie Bremner, Megachurches and Social Engagement. Public Theology in Practice, Leyde / Boston, Brill (coll. « Global Pentecostal and Charismatic Studies », 33), 2019 ; 424 p. 69 €. ISBN : 978-90-04-40264‑5.
Recension publiée dans la revue Istina, 2020/2.