Penseur libanais dont la formation et la carrière universitaire se déroula surtout en France, l’abbé Moubarak (1924-1995) laisse une œuvre considérable marquée par cinq combats : le dialogue islamo-chrétien, la cause palestinienne, la cause libanaise, l’unité antiochienne et la réforme de l’Église maronite, à laquelle il travailla par la préparation de 1987 à 1992 d’un synode, finalement élargi à toute les Églises catholiques du Liban et réuni à Rome. C’est à un aspect de cette œuvre qu’est consacrée cette monographie, issue d’une thèse de doctorat soutenue en 2014.
Dans une première partie, l’auteur traite de l’identité des maronites et de l’établissement du Liban moderne selon Moubarak, évoquant notamment leurs relations avec Rome et leur spiritualité marquée par l’anachorétisme. Dans la deuxième, il examine comment le penseur libanais percevait la place de son pays face à l’État d’Israël et à la question palestinienne, concluant sur sa vision de l’œcuménisme antiochien et de l’arabité. La troisième partie se penche sur ses propositions de réformes comme tremplin pour le Liban de demain, en particulier du patriarcat maronite. Les spécialistes relèveront sans doute des confusions ou imprécisions, notamment sur ce qu’il dit rapidement « des Églises protestantes d’obédience évangéliste ou baptiste » ou de l’Église orthodoxe (p. 253). Mais ce travail documenté, qui n’hésite pas à confronter de manière critique la réflexion de Moubarak à celles d’autres penseurs libanais, présente l’intérêt d’éclairer divers aspects de l’histoire et de l’actualité du Moyen-Orient.
Michel Mallèvre
Fadi Hindi, L’identité des maronites et leur rôle dans l’établissement du Liban moderne selon Youakim Moubarak, Beyrouth, Centre de recherches et de publications de l’Orient chrétien – Université Saint-Joseph (Coll. Études du Proche-Orient chrétien, 2), 2016 ; 379 p. 35 $. ISBN : 978-614-8019-05-0 & ISSN : 2410-6461.
Recension publiée dans la revue Istina, 2017/4.