Publié cent dix ans après sa naissance, ce recueil de textes de la grande théologienne orthodoxe regroupe vingt-et-une contributions de longueur inégale, produites entre 1932 et 2001. Pour la plupart inédites, elles ont été sélectionnées par Olga Lossky à qui l’on doit une belle biographie, Vers le jour sans déclin, une vie d’É. Behr-Sigel, parue il y a dix ans chez le même éditeur. Précédées d’une préface, qui rappelle quelques traits de la personnalité de cette luthérienne entrée dans l’Église orthodoxe et de son itinéraire ecclésial et spirituel, et suivies d’utiles repères biographiques, elles sont réparties en cinq ensembles qui évoquent les sources bibliques et la tradition ecclésiale avant d’aborder quelques grands défis contemporains : l’œcuménisme, la place des laïcs dans l’Église et les exigences de la vie chrétienne.
Comme le souligne la préfacière, ces textes reflètent la diversité des domaines de réflexion d’É. Behr-Sigel et son souci d’actualiser le message du Christ. Certaines de ces contributions ont un intérêt biographique, comme les trois prédications données en 1932, alors qu’elle exerçait le ministère de pasteur suppléant tout en étant déjà orthodoxe de conviction (p. 15-41). De même, sa belle présentation donnée à l’Institut supérieur d’études œcuméniques en 1976 des grandes figures de l’École de Paris, qu’elle connut personnellement : Boulgakov, Evdokimov et Lossky (p. 69-118). D’autres textes témoignent de l’ouverture de la théologienne, comme sa brève réflexion au moment de la loi Veil de 1975 (p. 256-259). Dans ce riche ensemble, l’œcuméniste retiendra aussi ceux relatifs à l’expérience interconfessionnelle vécue à l’ACAT (p. 157-165) et plus largement à la question de l’intercommunion (p. 167-177) ou encore son exposé présentant l’évolution de l’attitude protestante à l’égard de l’orthodoxie à une majorité de protestants en 1953 (p. 151-156) !
Michel Mallèvre
Élisabeth Behr-Sigel, En marche vers l’unité, Paris, Éd. du Cerf, 2017 ; 340 p. 24 €. ISBN : 978-2-204-11766-1.
Recension publiée dans la revue Istina, 2017/4.