Spécialiste de la civilisation britannique, Jérôme Grosclaude a soutenu en 2011 une thèse de doctorat sur la question des ministères dans les relations entre l’Église d’Angleterre et les méthodistes (1791-1979). Cette recherche fournit la matrice de cet ouvrage qui propose une histoire du méthodisme, principalement anglais, considérée sous l’angle des débats sur la question des ministères : la place des prédicateurs itinérants et plus généralement celle des laïcs par rapports aux pasteurs, et la tension entre les compréhensions anglo-catholique et protestante du ministère ordonné à travers l’importance accordée à l’épiscopat historique et la dimension sacerdotale de la fonction pastorale. À partir de cette grille de lecture, l’auteur discerne quatre étapes dans cette histoire jalonnée par un éloignement de l’Église d’Angleterre et par des schismes et des rapprochements : d’abord les débuts du méthodisme jusqu’en 1791, puis les années d’éclatements qui suivirent la mort de son fondateur au XIXe siècle, et finalement les compromis à partir de 1907.
Cet exposé, parfois assez technique, éclaire bien la figure originale du méthodisme dans les débats confessionnels sur les ministères. Sans doute regrettera-t-on qu’un sous-titre plus précis ait mieux indiqué la perspective privilégiée par l’auteur et que d’autres aspects du méthodisme, sa conception de la sanctification et sa spiritualité, ne soient pas davantage traités pour des francophones peu familiarisés avec cette tradition. On regrettera aussi que rien ne soit dit de plus récents rapports de dialogue entre anglicans et méthodistes, celui de 2013 sur la mise en œuvre de « l’Alliance » signée en 2003 entre ces Églises en Grande-Bretagne, brièvement analysée en conclusion, et celui de 2014 de la commission internationale sur l’unité dans la mission (AMICUM) « Into All the World : Being and Becoming Apostolic Churches » (2014). Tout en regrettant surtout des défauts de mise en forme (coquilles, table des matières lacunaire, mise en page maladroite), le lecteur ne manquera pas de s’interroger sur l’absence de référence aux travaux de l’évêque Patrick Streiff sur Wesley (cf. Istina LXI [2016/3-4], p. 442-443) et sur le méthodisme français dont l’histoire complexe est rapidement évoquée.
Michel Mallèvre
Jérôme Grosclaude, Le méthodisme. Un tison tiré du feu, Paris, Ampelos, 2017 ; 430 p. 27 €. ISBN : 978-2356181183.
Recension publiée dans la revue Istina, 2017/4.