Description
Après son histoire de Vatican II, la Fondation pour les sciences religieuses Jean XXIII de Bologne a entrepris la rédaction d’une histoire du mouvement œcuménique. Pour en défricher les questions méthodologiques (Historicising Ecumenism), un premier colloque avait été organisé, Istina ayant rendu compte des actes[1] parus en 2015.
Cet ouvrage épais[2] paru en 2021 est le premier de trois tomes (ou de quatre livres puisque la dernière période sera subdivisée en deux volumes). L’« aube œcuménique » dont il est question est située au xixe siècle et dans la première moitié du xxe. Avec près de 800 pages rédigées par un groupe international d’auteurs qualifiés, on dispose de 33 contributions d’une vingtaine de pages chacune, qu’il est possible de lire séparément, avec des notes abondantes et une bibliographie sélective.
Sans surprise, on y traite de la Conférence missionnaire d’Édimbourg, de la Fédération universelle des associations chrétiennes d’étudiants, du Christianisme pratique et de Foi et Constitution. On y trouve également le portrait de personnalités marquantes : J.H. Newman, I. von Döllinger, J. A. Möhler, J. Mott, Ch. Brent, N. Söderblom, L. Beauduin… Quelques premières expériences interconfessionnelles comme les Conversations de Malines sont présentées, ainsi que des textes importants tels que l’encyclique du patriarcat œcuménique de 1920 ou Mortalium animos. Une section intitulée « Movements become a movement » traite du mouvement biblique catholique, des mouvements liturgiques chez les catholiques et les orthodoxes, du second mouvement liturgique chez les protestants allemands, des mouvements pacifistes…
Difficile à ce stade d’évaluer ce projet éditorial, certains sujets qui auraient pu être traités pour cette période (aucun chapitre sur le pentecôtisme par exemple, mais 30 pages sur le kimbanguisme) le seront sans doute dans les tomes ultérieurs. Mais on regrettera déjà l’absence d’un index thématique, l’index des noms des personnes se révélant insuffisant pour des recherches.
Dans le titre, on pourra aussi s’étonner du choix du singulier pour le mot « desire ». S’il y a bien une démonstration faite par ce premier tome, c’est la pluralité des désirs d’unité, parfois contradictoires, qui ont pourtant conflué pour former le mouvement œcuménique que l’on connaît.
Franck P. Lemaître
[1] Luca Ferracci (éd.), Toward a History of the Desire for Christian Unity. Preliminary Research Papers. Proceedings of the International Conference at the Monastery of Bose (November 2014). With a Foreword of Enzo Bianchi and a Postface of André Birmelé, Zürich, Lit Verlag (coll. « Christianity and History », 14), 2015, recensé in Istina, 2016/3-4, p. 455.
[2] Sa version italienne (L’unità dei cristiani – Storia di un desiderio xix – xxi secolo) est diffusée au tarif plus abordable de 70 euros.