La sainteté : atout ou obstacle dans les relations œcuméniques ? Un point de vue catholique – Brigitte CHOLVY

Description

Résumé : Après avoir pris acte des obstacles posés par la place des saints dans l’Église catholique et relu l’enseignement du concile Vatican II et de sa réception sur ce point, l’auteur examine deux questions apparues au fil de sa réflexion qui permettent de penser l’existence et la fonction des saints : quelles sont les conditions de possibilité d’un acte d’intercession ? Quel statut le christianisme donne-t-il à la mort et aux morts ?

Abstract : After having taken note of the obstacles posed by the place of the saints in the Catholic Church and re-reading the teaching of the Second Vatican Council and its reception on this point, the author examines two questions that have arisen in the course of her reflection which allow us to think about the existence and function of saints : What are the conditions for the possibility of an act of intercession ? What status does Christianity give to death and the dead ?

Auteure : Théologienne catholique, professeure honoraire à l’Institut catholique de Paris, UR Religion, culture et société.

Extrait de l’article : Pour ne pas aller trop rapidement vers un discours consensuel, il est important de commencer par prendre acte des obstacles. Les historiens estiment que le premier motif du mouvement de la Réformation a été la protestation de Luther contre le scandale du trafic des indulgences, autrement dit du commerce de la sainteté, qui s’appuyait sur un culte des saints florissant mais parfois, voire souvent, excessif. Le refus du culte des saints et, au premier chef, l’abandon du culte de la Vierge ont représenté une des ruptures majeures de la Réforme et ils sont des marqueurs des traditions protestantes jusqu’à aujourd’hui. Des épisodes iconoclastes ont eu lieu, destruction de reliques, de statues, d’images, leur culte étant considéré comme des expressions idolâtriques. De fait, dans la tradition catholique, on prie les saints, on touche leurs statues, on se rend en pèlerinage auprès de leurs reliques. L’idée que les saints puissent intervenir au bénéfice de ceux qui les prient est solide-ment ancrée : ils peuvent guérir les maladies, faire prospérer les récoltes, apporter des enfants, etc. et surtout, ils peuvent intercéder pour les croyants auprès de Dieu, y compris à l’heure du Jugement. Baignant dans toutes ces convictions, les catholiques n’ont pas été et ne sont pas à l’abri de comportements superstitieux voire idolâtriques, comme de points de vue syncrétistes, voire de tendances polythéistes.