La Trinité d’Andreï Roublev. L’omission du cadre historique et l’être de l’icône – Georges KORDIS

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La Trinité d’Andreï Roublev. L’omission du cadre historique et l’être de l’icône

Si l’icône de la Trinité se range parmi les icônes dites de l’Hospitalité d’Abraham, Georges Kordis s’intéresse ici à la modification essentielle opérée par le grand iconographe russe Andreï Roublev (1350-1430), qui fait abstraction de la figure d’Abraham et de celle de son épouse Sarah, et réduit le symbole aux trois anges pèlerins interprétés comme la Trinité, transformant ainsi l’icône conventionnelle de l’Hospitalité-Sainte Trinité en icône hypostatique des trois Personnes divines.

Georges Kordis est professeur associé d’iconologie à la faculté de théologie de l’Université d’Athènes.

Article publié dans la revue Istina, 2013/1. Pour acquérir ce fascicule, cliquer ici.

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Description

Extraits de l’article :

L’icône de l’Hospitalité d’Abraham est la représentation d’un événement historique. Elle présente, de manière figurative conventionnelle bien sûr, le cadre historique où survient l’événement. Autrement dit, elle présente Abraham et Sarah, l’édifice et le chêne de Mambré. Dans ce cadre sont placées les figures des trois étrangers qui rendirent visite au patriarche des juifs. Cette icône est donc, en fait, la représentation d’un événement historique de l’Ancien Testament.

L’Église, toutefois, a vu dans les figures des trois étrangers la révélation du Dieu trinitaire à Abraham. Dans cette perspective, l’icône de l’Hospitalité, qui représente un événement historique, se charge sémantiquement d’un autre contenu pour signifier le Dieu trinitaire. Ainsi, l’icône de l’Hospitalité devient aussi l’icône du Dieu trinitaire. Cependant, l’icône de l’Hospitalité, en tant qu’icône de la Sainte Trinité, est une icône conventionnelle, vu que la forme, dans ce cas, n’a pas de relation réelle avec le représenté. Les figures des trois hommes-anges qui sont apparues à Abraham n’ont pas de relation hypostatique-réelle avec les figures représentées. Ce sont les formes conventionnelles qui accompagnent occasionnellement la révélation de Dieu à l’homme.

Dans ce cadre, on comprend l’importance des modifications qu’A. Roublev a apportées à l’icône de l’Hospitalité. Le grand iconographe russe, ainsi que nous l’avons déjà dit, a supprimé les éléments qui préservaient l’environnement historique : le patriarche Abraham et Sarah. Il ne représente que les figures des anges détachées de leur cadre historique et affirme que ces figures représentent la Sainte Trinité.

C’est précisément là où émerge / se manifeste un problème. Comme nous l’avons montré plus haut, dans le genre de l’icône conventionnelle auquel appartient l’icône de l’Hospitalité-Sainte Trinité, la forme n’est pas en relation hypostatique avec le représenté. Ce n’est que dans un certain contexte que la forme représente-signifie la chose. Hors de ce contexte, la forme est déchargée de son contenu sémantique concret. La tentative de charger la forme du même contenu, hors du cadre historique qui lui donne son sens, équivaut, en réalité, à l’associer au représenté par quelque lien permanent. Ce lien permanent, cependant, n’est permis que dans l’icône hypostatique où la forme, réelle-hypostatique, est indissociablement liée au représenté. Par conséquent, la tentative de créer un lien permanent entre une forme conventionnelle et une personne revient, au fond, à vouloir transformer l’icône conventionnelle en icône hypostatique.

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