Le modèle républicain français d’intégration des personnes étrangères. Quel impact sur les fidèles des Églises ? – Bernard BOURDIN

Description

Résumé : En cherchant à éviter le double écueil de la fragmentation multiculturelle et du nationalisme assimilationniste, le modèle républicain français cherche à articuler de manière originale la pluralité et l’unité pour intégrer les personnes étrangères dans un monde commun.

Abstract : By seeking to avoid the pitfalls of both multicultural fragmentation and assimilationist nationalism, the model of the French Republic seeks to combine plurality and unity in an original way, in order to integrate foreigners into a common world.

Auteur : Dominicain, Bernard Bourdin est professeur de philosophie et d’histoire des idées politiques à l’Institut catholique de Paris. Il est directeur de la recherche et du troisième cycle de la faculté de sciences sociales, d’économie et de droit. En 2023, il a publié Le chrétien peut-il aussi être citoyen ? (Éd. du Cerf).

Extrait de l’article : La France a en réalité forgé sa conscience collective de façon beaucoup plus évolutive (sur laquelle nous reviendrons) qu’elle ne nous est présentée de nos jours aussi bien par l’approche nationaliste que par l’approche décontructionniste, la première se réclamant du « roman national » et la deuxième revendiquant la fin du « mythe national ». Ces deux approches partagent pourtant dans leur opposition idéologique le même souci militant, symptomatique de la rupture qui s’est opérée entre la légitime conscience collective de soi propre à chaque nation, et l’incompressible sens de l’universel qui doit traverser toute nation. Toutes les sociétés européennes sont marquées par cette rupture qui n’est pas sans affecter le rapport des personnes autochtones à celles étrangères, les premières se sentant menacées de dilution et les deuxièmes d’exclusion. Ces tensions rémanentes, qui ne font que s’accroître, montrent bien que la perte de conscience historique ne peut que contribuer à renforcer la très grande difficulté d’intégrer « les étrangers ». En lieu et place de l’universel et de nations structurées, la fragmentation culturelle et le nationalisme identitaire se sont emparés des sociétés européennes. Ces dernières oscillent entre une injonction universaliste et une injonction ethnique.