Penser les R/réformes aujourd’hui

Une recension publiée dans la revue Istina, 2017/4.

Institut supérieur d’études œcuméniques, Penser les R/réformes aujourd’hui, Paris, Éd. du Cerf (coll. Patrimoines), 2017 ; 272 p. 29 €. ISBN : 978-2-204-12045-6.

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Description

Au cours de l’année 2017, de nombreux colloques historiques ont permis de mieux saisir l’événement qu’a constitué la Réforme initiée par Martin Luther et le contexte dans lequel elle a pu naître. C’est dans une perspective résolument plus large qu’en 2016 le colloque annuel de l’Institut supérieur d’études œcuméniques avait voulu se situer, comme le laisse deviner son titre à la graphie complexe. Ainsi que le précise en introduction Michel Mallèvre, qui dirigeait alors cette institution parisienne, on s’intéresse au mot Réformes, « intentionnellement au pluriel », pour évoquer le XVIe siècle mais aussi aux réformes, avec une minuscule, pour rappeler « le défi pour toutes les Églises de toujours se réformer pour rester fidèles à l’Évangile ».

De fait, les vingt-quatre contributions ici rassemblées illustrent que des mouvements de réforme ont traversé toutes les Églises, avant et après le XVIe siècle. Jacques-Noël Pérès prend un exemple dans une Église orientale orthodoxe en présentant Zar’aYa’qob (1399-1468), un souverain éthiopien qui réforma son Église au XVe siècle. Mgr Job (Getcha) analyse la réforme liturgique des hésychastes dans l’Église orthodoxe byzantine au XIVe siècle. Pour l’Église catholique, on s’intéresse aux disciples de François d’Assise, regroupés en plusieurs ordres religieux (mineurs, capucins, conventuels…), dont la naissance s’explique par des mouvements de réforme successifs. La théologienne tchèque Ivana Noble évoque pour sa part Jean Hus (1370-1415), prêtre catholique qui inaugura la réforme de l’Église en Bohème. De manière plus interrogative, l’évêque Patrick Streiff montre que le méthodisme, à la suite de John Wesley, est entré en conflit d’un point de vue organisationnel avec la tradition anglicane mais, qu’au niveau doctrinal, il ne s’est jamais vu lui-même comme une réforme de l’anglicanisme. Quant à Jean-Daniel Plüss, il pointe les marqueurs qui permettent d’associer le pentecôtisme à la Réforme protestante, tout en estimant qu’il forme un « mouvement ayant un potentiel pour une fonction de médiation entre différentes Églises ».

Ces communications à composante historique forte sont complétées par une réflexion sur les réformes actuelles des Églises. De manière très voisine, Laurent Schlumberger comme président de l’Église protestante unie de France et Michel Santier comme évêque catholique du diocèse de Créteil, insistent sur la nécessaire ouverture aux personnes qui ne sont pas directement en lien avec l’Évangile, sur une Église qui se décentre, attentive aux périphéries, qui « existe pour ceux qui n’y sont pas ».

En finale, Mgr Vincent Jordy questionne cette volonté de réformer l’Église, pensée comme un mouvement pour aller vers un mieux, alors que la culture d’aujourd’hui interroge beaucoup cette notion de progrès, parfois qualifiée d’« idéologie du progrès ». En cherchant à se réformer, les Églises ont-elles la conviction que « la direction dans laquelle on bouge est la bonne » ?

Franck Lemaître

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