En 1895-1898 était publié un recueil de commentaires bibliques rédigés par « vingt rebelles » sous la houlette d’Elizabeth Cady Stanton, une suffragette américaine. Un siècle plus tard, une vingtaine de théologiennes fait écho à cet « événement fondateur de la lecture féministe de la Bible », avec une nouvelle bible des femmes, et non plus une Woman’s Bible (un singulier que récusent les auteures actuelles). Européennes, africaines ou nord-américaines, catholiques ou protestantes, elles sont animées d’une préoccupation missionnaire : « comment les textes bibliques peuvent-ils être parlants pour la vie de femmes d’aujourd’hui qui ne sont pas familières des milieux d’Églises ? » (p. 89). Avec le souci de se rebeller à leur tour contre les errances de la tradition chrétienne, les traductions tendancieuses, les interprétations partiales…
Les treize chapitres, parfois écrits à deux mains, offrent donc des commentaires renouvelés – pour l’épisode de Marthe et Marie par exemple, en évitant le double écueil des femmes « boniches ou potiches » – et des pages originales, telles que cette proposition d’une théologie du vêtement quotidien, féminin notamment. Si les contributions ont surtout la forme de commentaires exégétiques, on notera le dernier texte rédigé à la première personne, dont l’auteure serait Marie, mère de Jésus.
On mesure que la tâche n’était guère facile. À propos d’un passage de la première épître à Timothée, les rédactrices avouent : « il faut de la ténacité pour le réécouter et proposer une lecture qui fasse sens aujourd’hui ». Une ténacité qui n’a pas fait défaut aux différentes auteures de cette bible des femmes du xxie siècle.
Franck P. Lemaître
Élisabeth Parmentier, Pierrette Daviau & Lauriane Savoy (dir.), Une bible des femmes, Genève, Labor et Fides, 2018 ; 288 p. 19 €. ISBN : 978-2-8309-1663-8.
Recension publiée dans la revue Istina, 2019/2.