Quand les Églises se parlent !

Une recension publiée dans la revue Istina, 2023/3-4.

Michel Freychet, Quand les Églises se parlent !, Préface du pasteur François Clavairoly, postface de Mgr Vincent Jordy, Lyon, Olivétan, 2022 ; 384 p. 29 €. ISBN : 978-2-35479-578-8.

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Description

Dans un livre publié en 2020, Michel Freychet relatait son parcours humain et pastoral dans l’Église réformée de France[1], en passant plus rapidement sur les années 1984-1992 pendant lesquelles il a été responsable des relations œcuméniques au niveau national. C’est de cette période surtout qu’il traite plus en détail dans cet ouvrage où il mêle des souvenirs rédigés au moment des faits, et des analyses postérieures, notamment lors de conférences données jusqu’en 2016.

Il est donc question par exemple de la visite de l’archevêque de Cantorbéry, Robert Runcie, à Paris en 1984, du tricentenaire de la révocation de l’Édit de Nantes en 1985, de l’ordination presbytérale du frère Max Thurian de Taizé en 1987, du premier rassemblement œcuménique européen à Bâle en 1989, après la chute du mur de Berlin, de l’assemblée du Conseil œcuménique des Églises à Canberra en 1991, marquée par la Guerre du Golfe, etc. Des groupes dont l’A. a été membre donnent lieu à de plus amples développements, en particulier l’ACAT [Action des chrétiens pour l’abolition de la torture] et le Groupe des Dombes.

On sourit de certains rapprochements inattendus quand, par exemple, sont commentées dans une même section les visites en France de Billy Graham et de Jean Paul II à l’automne 1986. Ici ou là sont aussi racontés quelques souvenirs cocasses des voyages de Michel Freychet avec ses homologues catholiques, René Girault, puis Guy Lourmande. Avec grande franchise, l’A. exprime aussi bien son admiration pour le travail de l’assemblée plénière des évêques catholiques que son incompréhension des « interdits qui pèsent encore sur le libre accès à la Table du Seigneur dans une Église sœur ».

On trouve également des développements plus longs sur le Comité mixte catholique – protestant (luthéro-réformé) en France, avec de fines analyses sur les différences séparatrices qui persistent. On lit aussi avec grand intérêt la manière dont est relatée en détail la genèse du Conseil d’Églises chrétiennes en France en 1987, avec des hésitations du côté protestant : la délégation serait-elle luthéro-réformée uniquement, ou plus large (relevant donc de la Fédération protestante de France) ? C’est ce deuxième choix qui est fait, entraînant une évolution importante pour le Service des relations œcuméniques dont Michel Freychet a alors la charge. En effet, en 1967, la Fédération protestante de France avait refusé la création d’un service des relations avec le catholicisme et les autres familles ecclésiales. Ce sont donc les quatre Églises luthériennes et réformées en France qui ont d’abord mené ce dialogue. Mais la création du CÉCEF a pour conséquence le transfert de ce service à la Fédération protestante de France à partir de 1988, une évolution institutionnelle qui marque le recul des réticences de certaines Églises membres à l’égard de l’œcuménisme, « un signe positif qu’il faut apprécier à sa juste valeur », commente le pasteur Freychet.

Comme les préfaciers, le pasteur François Clavairoly et Mgr Vincent Jordy[2], le lecteur saura gré à Michel Freychet d’avoir publié ce document précieux pour l’histoire des relations œcuméniques en France dans la période où il a joué un rôle de premier plan. Assurément des pas importants se font « quand les Églises se parlent ! »

Franck P. Lemaître

[1]            Michel Freychet, Sous la main invisible. Traversée d’un siècle entre ombre et lumière, Valence, Éditions & Régions, 2020 ; voir notre recension in Istina, 2021/1, p. 96.

[2]         En regrettant que l’éditeur ait, à trois reprises, mal orthographié le nom. Par ailleurs, la numérotation des notes est parfois fantaisiste (par exemple p. 168-169).

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