Les manuels d’œcuménisme ne sont pas légion, et l’on ne peut que se réjouir de la publication de cet imposant volume qui rassemble un très bon état de la recherche du point de vue de l’histoire, des acteurs, des thématiques dans un contexte marqué par le déplacement du centre de gravité du christianisme et l’évolution des formes de vie ecclésiale.

Les 48 contributions de cet imposant manuel sont réparties en six sections. La première offre une description du développement œcuménique en cinq étapes, ponctuées par le congrès missionnaire d’Édimbourg, la fondation du COÉ, la fin du concile Vatican II et la chute du bloc soviétique. La deuxième section se penche sur l’implication des grandes traditions ecclésiales, en considérant les Églises orientales globalement et en distinguant baptistes et pentecôtistes-charismatiques dans la mouvance évangélique. La troisième section aborde les succès et les problèmes du mouvement œcuménique à travers les grands thèmes de la théologie systématique, de la morale, de la mission et de l’écologie. La quatrième partie décrit l’apport d’instruments : Foi et Constitution, le COÉ, le Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens, les dialogues bilatéraux, des lieux comme Chevetogne et Taizé, le Groupe des Dombes, la fondation Pro Oriente, les Églises unies, les conseils d’Églises régionaux et nationaux, les alliances scellées comme étapes vers l’unité au Royaume-Uni, en Amérique du Nord ou en Australie, les foyers interconfessionnels, la Semaine de prière pour l’unité et le Forum chrétien mondial. La cinquième partie considère sept grandes régions du monde qui ont constitué en quelque sorte la scène sur laquelle s’est jouée cette histoire œcuménique : les îles britanniques, les États-Unis, l’Afrique, l’Asie, l’Amérique latine, le Moyen-Orient et l’Europe. La dernière partie aborde les débats qui secouent le mouvement et ses perspectives, d’abord à travers les formes d’unité présentées selon des perspectives luthérienne (Meyer), orthodoxe (Bordeianu) et catholique (Koch), puis des recherches portant sur la méthodologie, exposant notamment l’œcuménisme réceptif (Murray), une troisième option, pneumatologique, en contrepoint des démarches catholiques et luthéro-réformée (Abraham) et la réception de l’œcuménisme dans l’Église orthodoxe après le concile de Crète (Jillions).

Cette trop brève description du contenu de ce remarquable manuel voudrait souligner le souci d’équilibre confessionnel des points de vue portés sur un mouvement d’une grande complexité dont les nouveaux acteurs ne sont pas oubliés. Les spécialistes pourront certes regretter que certains aspects soient passés sous silence, qu’il s’agisse d’instruments comme le Groupe Saint-Irénée, de centres comme ceux de Strasbourg ou Ratisbonne ou encore des revues ; de thèmes comme les relations entre œcuménisme et le dialogue interreligieux, en particulier ses relations avec le judaïsme. Mais comme tel, il comble une lacune et l’on ne peut que souhaiter qu’il puisse être aussi accessible aux lecteurs francophones.

Michel Mallèvre

Geoffrey Wainwright & Paul McPartlan (éds), The Oxford Handbook of Ecumenical Studies, Oxford, Oxford University Press, 2020 ; 704 p. 110 £. ISBN : 978-0-19-960084-7.

Recension publiée dans la revue Istina, 2021/3.