La Pentecôte dans l’art d’Orient

Une recension publiée dans la revue Istina, 2022/4.

Anne Marie Velu, La Pentecôte dans l’art d’Orient. Les enluminures arméniennes, Louvain, Presses universitaires de Louvain (coll. « Religio »), 2020 ; 164 p. 25,50 €. ISBN : 978-2-39061-000-7.

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Description

Auteure d’une étude remarquée sur la visitation dans l’art, menée à l’ÉHÉSS, Anne Marie Velu poursuit ici ses recherches sur l’iconographie des fêtes fondées sur des récits bibliques en se penchant sur la Pentecôte dans les manuscrits arméniens, dont les enluminures sont apparues au Ve siècle et ont connu leur âge d’or aux XIIIe et XIVe siècles.

Après une introduction rappelant quelques éléments de l’histoire de l’Arménie et du récit biblique, elle propose dix éclairages successifs sur les thématiques qui illustrent cette fête. Les trois premiers traitent de l’envoi des apôtres, de celui de l’Esprit et du lien opéré avec l’Ascension du Christ, que l’on trouve dans bien des œuvres orientales. Le quatrième chapitre met en valeur les compositions particulières de la région du lac de Van, telles celles qui présentent trois niveaux pour évoquer la Jérusalem céleste plutôt que l’arche de Noé, selon l’auteure.

Les chapitres suivants s’attachent à la représentation des apôtres, souvent assis mais aussi debout, dans un espace clos symbolisé par une porte, puis dans un espace ouvert sous une arche. Les trois derniers chapitres abordent le thème des relations des apôtres avec les peuples environnants. Une place significative est accordée à ce propos aux personnages à tête animale, les cynocéphales, qui symbolisent les peuples éloignés présents à Jérusalem le jour de la Pentecôte.

Malgré son titre, cette étude ne se concentre pas sur les seuls manuscrits arméniens qui, dans les premiers chapitres sont plutôt placés en regard des autres représentations orientales. La bibliographie manifeste d’ailleurs cette place relative de la tradition arménienne. Le lecteur s’étonnera, par exemple, de n’y trouver aucune mention de Grégoire de Narek et de travaux importants qui lui ont été consacrés (voir Istina LVI [2011], p. 329-330). Une meilleure connaissance de la tradition arménienne aurait peut-être permis à l’auteure de nous mener au-delà de ses descriptions minutieuses des représentations.

Bien présenté et offrant de belles reproductions en couleurs, ce livre n’en contribue pas moins à enrichir notre connaissance de l’iconographie orientale et montre bien comment l’Arménie fut marquée par des influences complexes.

Michel Mallèvre

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